Des recherches récentes d'intelligence artificielle sont en train de renverser certaines idées acquises concernant les complexités respectives :
L’ethnométhodologie est en effet une discipline scientifique qui se donne, depuis 1967, pour objet :
A cet effet, l'ethnométhodologie a développé et développe des techniques qui lui sont complètement propres.
1) L'ethnométhodologie peut être considérée comme une ethnologie "appliquée" ou plus précisément comme la version "science appliquée" d'une certaine ethnologie, celle qui s'astreint à n’étudier que de petits groupes et à prendre en compte les inévitables effet de "l'ethnocentrisme scientifique" de l'observateur. Elle innove cependant de plusieurs manières au regard de l'ethnologie, du fait notamment de son aptitude à prouver parfois rapidement certains problèmes ponctuels ; cette rapidité ayant pour prix l'adoption d'une certaine sorte de "posture" face aux cas qui sont à traiter. Elle excelle dans l’étude de tous les phénomènes d'ethno-centrisme. Elle en pousse même l'analyse plus loin que ne l'a jamais fait aucun ethnologue traditionnel du fait de ces procédures de prise en compte des phénomènes de réflexivité.
2) L'ethnométhodologie peut certes revendiquer de plein droit une partie du champ d’étude de la sociologie, puisqu'elle étudie empiriquement des groupes humains, mais :
3) L'ethnométhodologie, étudiant des "logiques locales" de microgroupes humains, et dans la mesure précisément où il existe chaque fois une sorte de cohérence interne dans ces logiques :
4) l'ethnométhodologie pourrait avoir un champ commun avec la linguistique générale (les logiques locales de micro-groupes humains se concrétisent a travers certaines manières de parler) ; mais en son état actuel de développement, la linguistique générale n'admet pas de prendre en compte son propre ethnocentrisme scientifique ; et il y a le plus souvent donc un abîme entre les postures usuelles des linguistes et celles de l'ethnométhodologie.
5) Dans la mesure enfin où les logiques locales des groupes humains sont des instruments obligés de toute connaissance, le champ de l'ethnométhodologie empiète largement sur celui de la philosophie, y compris notamment celui de l’épistémologie des sciences. Au regard de l'ethnométhodologie, les sciences existantes peuvent en effet être considérées, quelles qu'elles soient comme des productions culturelles de groupes restreints dotes de logiques locales très singulières.
1) A première vue, les perspectives d'applications semblent assez spécialisées, car il faut que l'ethnomethodologie étudie des groupes "petits" (i.e. des groupes en principe assez peu vastes pour qu'un seul observateur puisse entretenir des contacts et/ou des échanges avec tous les membres) ;
2) Mais en réalité les perspectives sont bien plus vastes; car l'ethnométhodologie revendique des possibilités aussi en termes de macrogroupes :
3) On doit rappeler par ailleurs que l'acceptation ou le rejet par l'ethnométhodologie d'une ou plusieurs approximations simplificatrices dépendra en dernier ressort de l'application envisagée ; les petites variabilités de sens commun qui n'ont pas d'incidence sur les applications envisagées ne sont pas à considérer comme variations. On voit a ce propos l'absolue nécessité de l'existence d'une perspective d'application lorsque l'on fait de l'ethnométhodologie. Cette nécessité structurelle de recherche d'applications conduit a étendre constamment le champ de ces dernières.
- L'Intelligence Artificielle, branche avancée de l'informatique, ne renoncera jamais à ces projets de modélisation des logiques locales des microgroupes humains ; projets pour lesquels elle n'a aucun autre partenaire ethno-sociologique valable que l'ethnométhodologie. Dans cette direction, les possibilités effectives d'applications sont certes encore lointaines ; mais les perspectives ouvertes concernent à long terme la quasi totalité du champ des applications de l'informatique.
Sur un plan éthique, l'ethnométhodologie trouve son principal champ d'application dans le domaine de la dénonciation des oppressions des minorités, et plus généralement dans la dénonciation de tous les macro- et micro-totalitarismes (policiers, bureaucratiques, religieux-sectaires, idéologiques etc...).
Elle permet en effet d'en analyser scientifiquement les mécanismes en termes d'abus du pouvoir que peut détenir un oppresseur d'imposer par la force à autrui les irrationalités, les scories, les préjugés qui interviennent dans sa propre logique locale.
L'ethnométhodologie est donc à sa manière une force de libération, d'autant plus importante dans ses potentialités présentes et futures que son argumentation prend très profondément appui sur les développements les plus récents de l'informatique et de la logique ; et qu'elle permet donc très souvent d'opposer, aux logiques totalitaires, la force immense et tranquille de ce que l'on appelle la "logique tout-court".